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PIERRE D'ÈPINAC 1 73 Les hostilités s'ouvrirent de part et d'autre par des propos méprisants, des incartades déplacées. En 1588, parut la Vie de Pierre de Gaverston qui, sous le voile très transparent d'un favori anglais, racontait les faits et gestes, et prédisait la fin malheureuse d'Epernon; le libellé était du docteur Boucher, à ce qu'on dit, et tout y trahissait sa verve puissante et populacière; mais on supposait, à tort ou à raison, que l'archevêque l'avait « mis en lumière ». Suivirent d'autres pamphlets, comme il en poussait alors tous les jours sur le pavé de Paris, Y Aiitigaverston, où d'Epinac était traîné dans la boue, puis la Réponse, et encore la Réplique à l'Aiitigavers- ton (1). Mais cette guerre grossière de petits livrets outra- geux n'était que le dernier épisode d'une lutte qui n'avait rien d'honorable; il y avait plusieurs années que les griefs contre la moralité privée de Pierre d'Epinac étaient articulés tout haut par le parti d'Epernon. Pour dire crûment les choses comme elles sont, on accu- sait l'archevêque d'un commerce criminel avec sa soeur Claude, M lle de Grézolles. Afin de simplifier la discussion, j'écarte d'autres accusations du même genre, mais un peu moins infamantes; on ne dédaignait pas de fouiller, pour le salir, jusqu'à sa jeunesse d'étudiant. Ces histoires m'avaient toujours paru d'une extrême invraisemblance. Mais, ayant été le confident, — pourquoi le taire ? — - des perplexités de l'auteur, j'ai été heureux enfin de voir que M. Richard, après avoir minutieusement discuté ces abominables « cancans », dans un des meilleurs chapitres de son ouvrage, les réduit à ce qu'ils sont, rien ou peu de chose. (1) Il est possible que la Réponse et la Réplique soient un seul et même ouvrage sous des titres différents. Ecrivant cet article à la campagne, loin de toute note, je ne puis me prononcer.