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174 PIERRE D ' Ê P I N A C Ils ont été recueillis, comme on sait, parla Satyre Ménippée. Je suppose qu'on ne prendra pas la Ménippée pour une grave autorité en matière d'histoire; les hommes d'esprit qui l'on écrite se sont saisis de toutes les armes qu'ils avaient sous la main pour achever la Ligue agonisante ; ils n'ont eu garde de vérifier des bruits qui servaient si opportunément leur politique. Pamphlet de génie, si l'on veut, mais pam- phlet tout de même, dont les venimeux commérages ont exactement la même valeur d'information qu'un « éreinte- ment» de M. de Rochefort. Voici comment, d'après Pierre Matthieu, Pierre d'Epinae appréciait la Ménippée : « La puanteur de cette sale drogue a passé jusques ici. Pour ce qui me touche, je ne m'en donne pas de peine ; les gens de bien me connaissent, et ce m'est honneur d'être calom- nié par les hérétiques, rabellistes etathéistes. » Libelle aussi, et bien plus encore, YAntigaversIon, assouvissement d'une rancune personnelle. Attacherons-nous quelque importance, pour incriminer les moeurs d'Epinae, à une chanson assez gaillarde ( i ) que j'ai eu le plaisir de signaler à l'auteur ? Il faudrait bien mal connaître la libre littérature de l'époque pour s'arrêter à des passe-temps qu'on jugeait sans conséquence. Les historiens, les vrais, ou ignorent ces allégations, ou les rapportent comme des bruits vagues qui couraient, sans fondement certain. Je ne parle pas, bien entendu, des histo- riens favorables à l'archevêque; j'entends Brantôme, grand collectionneur d'anecdotes ordurières, le huguenot d'Aubi- gné, et même de Thou, qui a si peu ménagé Epinac. Aucune trace dans la correspondance des ambassadeurs espagnols, si (i) Dames et Bergères, « par Monsieur de Lyon », dans les Poésies de Jean Paterne, Fore\ien, Paris, 1884, in-8°.