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           LE ROMAN D'UNE MERLETTE                   461

L'air tiède de parfums s'embaumait ; la nature
       De fleurs, de bourgeons, de verdure
       Revêtait sa molle parure.
On entendait partout dans les champs rajeunis,
       Pour fêler la saison nouvelle,
       Cris joyeux, frémissements d'aile :
Doux présages d'hymen, de bonheur et de nids. '
       Fous pensez si notre merlette
       Avait sa part en cette fête !
       Les virtuoses de ces bois,
       Pour se disputer sa conquête,
Faisaient assaut et de grâce et de voix,
Et sur les pas de l'aimable coquette,
De ça, de l'a, de buissons en buissons,
       Merles, rossignols et pinsons
Roucoulaient a l'envi leurs plus tendres chansons

Peine perdue, hélas ! car la jeune merveille,
Indifférente, h tous faisait la sourde oreille.
       Des adorateurs emplumês
Les soupirs langoureux, les accords enflammés
En vain charmaient l'écho, les Faunes, jusqu'à l'arbre.
Où la belle trônait : son cœur restait de marbre ;
       Ses yeux, son âme étaient fermés
Aux suppliants regards, aux gracieux manèges,
Aux ravissanls concerts, gammes, trilles, arpèges,
Que prodiguait sans fin l'amoureux escadron.
       Un peu cousine du Héron,
{Voyez comme d'autrui l'exemple nous corrige !)
Elle voulait un merle idéal, un prodige,
Une perfection de plumage, que dis-je ?
       Un véritable merle blanc.