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 310                   LES SAVANTS LYONNAIS

 livres et encore moins d'un libraire comme moi, c'est de
 quoi je suis fort persuadé, depuis la lettre qu'il m'écrivit
 du 29 de janvier, par laquelle il me dit que je peux disposer
 ainsi que je le jugerai à propos, des livres que j'avais
 achetés sur la fin de notre voyage et dont je lui avais
 envoyé le mémoire seulement ces jours passés, suivant ce
 que j'ai écrit à Votre Révérence, parce qu'ils n'étaient
 arrivés que longtemps après les comptes donnés par Votre
Révérence, il me marque absolument qu'il n'en veut point.
Mais comme apparemment le mémoire aura été vu par ceux
qui approchent de ce prélat, qui auront connu cinq ou six
petits livres de leur goût et à bonne composition, il veut
que je les lui envoie. C'est ce que je ferai aussitôt, quoique •
je ne le dusse point faire, parce qu'ils sont à bon marché,
c'est parce qu'ils sont joints à divers autres, que j'ai achetés
et qui me restent sur les bras, et que je ne pourrai plus
débiter, puisque j'en tire les meilleurs. Ce serait là une
occasion de chagrin pour moi, si le bon Dieu ne m'avait
pas mis en effet de n'avoir pas besoin de semblables pra-
tiques.
   « La caisse de tableaux est enfin arrivée depuis hier, je
la retirai de la douane en même temps et demain je la ferai
partir pour Marseille d'où elle sera envoyée au R. P. Pro-
cureur général (13). Je crois que Votre Révérence ne pré-
tend pas que je paie les.frais, au contraire que le R. P .
Procureur général les devra payer depuis Lyon jusqu'à


   (13) Les tableaux dont il est question appartenaient à l'abbaye de
Saint-Germain, les moines dont la situation financière n'était pas bril-
lante à cette époque, obérés qu'ils étaient par des constructions nou-
velles, les faisaient vendre à Rome par l'intermédiaire du P. Estiennot,
le procureur général de la Congrégation.