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298                LES SAVANTS LYONNAIS

Quelle diligence que j'ai pu faire, je n'ai encore eu des
nouvelles de ceux de Padoue et de Pavie ; pour les autres
ils m'arrivent à présent et je les pourrais envoyer, si on le
trouve à propos. Cependant comme ce n'est pas tant les
livres comme le compte du tout que Monseigneur souhaite,
je pourrais à présent envoyer ce que j'ai entre les mains, et
pour le surplus il me semble que Monseigneur pourrait
faire joindre à l'ordonnance qu'il dit être nécessaire la
somme d'environ vingt ou vingt-cinq pistoles, ou trente au
plus, pour le prix de ceux dont je n'aurai pas envoyé le
compte; laquelle somme il pourrait faire retenir jusques à
ce que j'eusse satisfait ou envoyé des livres pour la même
somme. Il croira peut-être que je pourrais envoyer le
mémoire de ces livres-là, mais il ne m'est pas possible, car
Votre Révérence sait que n'ayant pas tout le temps néces-
saire pour en faire les mémoires exacts, j'en achetai divers
dans le doute qu'ils pussent servir pour la Bibliothèque du
Roi et que je me réservai à vérifier, quand je les aurais
reçus, en retenant pour notre négoce ceux que le Roi se
trouverait avoir. Je ne saurais faire ce choix qu'en voyant
les livres pour voir Tannée et le lieu de l'impression. Tous
ces délais donneront lieu à Votre Révérence de pouvoir
faire connaître à Monseigneur l'envie que j'ai eue de lui
rendre service et que je ne suis pas si intéressé que le
veulent faire croire ceux qui lui rapportent avec si peu de
fondement qu'une partie des livres tirés de notre négoce est
taxée trop haut. Je vois bien qu'on a voulu faire sa cour à
nos dépens. Comment a-t-on pu porter un juste jugement
puisque les livres à peine étaient-ils arrivés et qu'on ne le
pouvait' faire justement qu'après les avoir reconnus, ou
après s'être informé de la qualité des livres que je suis per-
suadé leur être fort inconnue.