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62                  JOURNAL DU CONGRES

une tempête et sans avoir eu « l'estomac renversé », qu'on
put continuer sa route. A Gorcum, l'estomac d'Ogier paraît
être en meilleur état ; il écrit, en effet : « La Meuse n'est
pas là encore corrompue par les eaux de la mer, car je bus
de son eau qui me sembla fort bonne (6). »
   A Dordrecht, d'Avaux logea chez une famille catholique,
et promit sa protection au curé de la ville et à un autre
prêtre qu'on lui présenta. Partout les ambassadeurs français
étaient considérés comme les défenseurs des catholiques.
D'après Ogier, un tiers de la Hollande était demeuré catho-
lique, et un second tiers le serait redevenu, si l'exercice de
la religion eut été libre.
   Les discussions religieuses étaient alors fréquentes, mais
produisaient peu d'effet; Ogier en fit lui-même l'expérience.
Il y avait à Dordrecht un ministre protestant nommé
Colvius, qui prêchait en français et avait témoigné grand
désir de le voir. L'aumônier alla lui faire visite et, l'entre-
tien n'ayant roulé que sur les belles-lettres, on s'entendit
assez bien. Mais Colvius étant venu un soir chez l'ambas-
sadeur, l'entretien porta sur l'Écriture sainte et dégénéra
bien vite en dispute. « Le ministre, dit Ogier, ne trouvant
pas en moi tant de soumission qu'en ses ouailles, sortit en
colère ». Colvius, de son côté, prétendit que c'était Ogier
qui s'était emporté. Il lui écrivit et Ogier lui répondit.
Colvius écrivit, en outre, à d'Avaux, pour se plaindre, et
lui adressa une lettre de douze pages in-folio dont M. Boppe
ne nous donne qu'un spécimen.
  De Dordrecht, où ils restèrent près d'une semaine, les
ambassadeurs se rendirent en trois heures à Rotterdam, sur



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