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468 SOUVENIRS ACADÉMIQUES LYONNAIS cience de ne pas vous avoir témoigné plus tôt combien j'en suis reconnaissant. D'ailleurs, dans l'excellente suite qu'un de vos secrétaires généraux, M. Bonnel, vient de donner aux deux volumes de votre histoire jusqu'en 1840 par M. Dumas, j'ai récemment fait la découverte, en comparant les dates, que j'étais devenu doublement votre doyen, et par la lointaine époque à laquelle remonte mon élection, et aussi, si toutefois je ne me trompe pas, par le nombre de mes années. Être le doyen d'une un peu nombreuse Compagnie, c'est un honneur, si on le veut bien, mais un honneur plein de danger et qui d'ordinaire n'est pas de longue durée. Je risquerais donc de mourir insolvable, et sans vous avoir fait mes adieux, si à la veille d'une longue absence je ne m'étais enfin décidé à solliciter de votre Président un tour de faveur dans cette première séance qui, après deux mois de suspension de vos travaux, eût pu être mieux remplie. J'ai espéré que, grâce à cette qualité de doyen, vous accueilleriez avec plus d'indulgence mes vieux souvenirs académiques, mes impressions d'autrefois et mes vœux d'aujourd'hui; j'ai même espéré que vous me pardonneriez si j'avais le tort de vous parler un peu trop de ma propre personne. Parler longuement et parler de soi, c'est, vous le savez, le défaut ordinaire des vieillards ; chaque année nous nous en apercevons aux discours des doyens d'âge de la Chambre des députés et du Sénat. Je suis entré à l'Académie en 1843 ; j'étais jeune alors, mais de cela il y a un demi-siècle. Comme Nestor, auquel Homère fait dire dans Y Iliade qu'il a vu passer deux géné- rations d'hommes, j'ai vu se succéder ici deux générations d'académiciens, parmi lesquels des collègues, des amis qui m'étaient chers, comme Heinrich, Teissier, Valantin, pour