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414 ÉTUDE SUR QUELQUES ANNEES afin de se rendre nécessaire et qu'elle-même en traitant de la paix avec nos ennemis, en y poussant de son mieux, ne cherchait que le véritable intérêt de la France ruinée par une longue guerre. Enfin, la mansuétude avec laquelle on traitait son fils Gaston, dont les incartades se renouvelaient chaque année, devait l'exaspérer quand elle voyait comme on la traitait elle-même. Il faut, en effet, admirer la patience, la souplesse de Richelieu lorsqu'il s'agit des folles équipées du frère du roi et des prétentions du comte de Soissons, toujours portés à soulever des troubles dans le royaume, à fomenter des in- trigues, à lier parti avec les Espagnols. Pour écarter le dan- ger de ce côté, le ministre trouve bon d'avaler bien des couleuvres, d'accorder aux révoltés tout ce qu'ils demandent envoyant cent messagers nouveaux traiter de la paix avec eux, leur accordant bribe à bribe leurs demandes souvent déraisonnables et insolentes. C'est qu'ils sont pour lui de simples adversaires politiques avec lesquels on doit lutter d'adresse, de finesse, pour les amener au moindre prix possible à la paix. Certes, la négociation est prudemment, habilement menée et pour le plus grand bien de l'État. En 1637, Louis XIII, outré de dépit contre le comte de Soissons, voulait le pousser à bout et rejeter ses demandes, comme il l'eût bien mérité. « Mais le cardinal représenta au roi, entre plusieurs raisons, deux principales qui le pouvaient pousser à accorder .audit sieur le Comte, le surplus de ce qu'il désirait : la première était qu'ayant bon pied, bon œil, il ne pouvait arriver en l'étendue de cet été aucun incon- vénient à l'état des grâces que l'on accorderait audit sieur le Comte; la seconde,'qu'on pouvait par ce moyen se déli- vrer de beaucoup d'embarras présents et de mauvaises suites pour l'avenir; que le seul nom dudit sieur le Comte joint