page suivante »
330 ÉTUDES SUR QUELQUES ANNÉES Le roi décida qu'il commanderait en personne ses armées ; Richelieu devait précéder son maître et les reines elles- mêmes allaient être du voyage jusqu'à la frontière. Le but national de ce déploiement de forces était d'obtenir une paix prompte et assurée en faisant une forte guerre. Les reines voulaient à la fois se distraire, se rapprocher du roi pour veiller sur sa santé un peu faible, et ménager leur pouvoir sur sa personne. Le cardinal, lai aussi, les aimait mieux proches de l'armée qu'à Paris, parce qu'il pouvait ainsi plus facilement surveiller leur entourage et défendre sa puissance contre les intrigues de cour. Richelieu partit le 29 décembre 1629, revêtu de l'auto- rité la plus complète que jamais ministre ait eue, accom- pagné du cardinal de La Vallette, des maréchaux de France La Force, Montmorency et Créquy. L'armée défila vers Embrun, Briançon, le Mont Genèvre, et entra en Italie par Oulx et Suze. Dès qu'on fut dans la plaine, le cardinal fit mettre les troupes en bataille, les officiers à pied, lui-même suivant au centre dans son carrosse. On marcha ainsi tout le jour, jusqu'à ce qu'on atteignît la Doire Ripaire. Là , l'infanterie fit un détour pour passer la rivière sur un pont, pendant que la cavalerie mar- chait à gué, ayant à sa tête le premier ministre lui-même. Il s'était, pour la circonstance, revêtu d'une cuirasse de couleur d'eau, par dessus un habit couleur feuille morte, agrémenté d'une petite broderie d'or et portait une belle plume à son chapeau ; deux pages marchaient devant lui à cheval ; l'un portait ses gantelets, l'autre son habillement de fête ;. deux autres pages marchaient à ses côtés, tenant chacun par la bride un coursier de grand prix ; derrière lui était le capitaine de ses gardes. Il passa la rivière en cet équipage, ayant l'épée au côté et deux pistolets à l'arçon de