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           HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET              59

   Quelque temps après, M. de Montalembert prononçait
à la Chambre des Pairs, sur la question suisse, un des plus
beaux discours qui aient illustré la tribune française. Il
montra que le radicalisme était l'exagération, non pas du
libéralisme, mais du despotisme, et qu'il absorbait et anéan-
tissait le droit des minorités que, seule, la vraie liberté
reconnaissait et consacrait. Le discours de M. de Monta-
lembert ne perdrait rien de son actualité à être prononcé de
nos jou'rs.
   L'Italie n'était pas moins troublée que la Suisse, bien que
pour d'autres causes. Le gouvernement des États Romains
était un gouvernement d'ancien régime : le pape qui fut élu
après la mort de Grégoire XVI, sentit le besoin de le rajeu-
nir. Pie IX n'était pas un politique : il le reconnaissait lui-
même. « Je suis fort novice, fort peu expert en ces
matières (3) », disait-il un jour à l'ambassadeur de France
à Rome, M. Rossi. On ne le vit que trop. Flatté, trompé
par les acclamations populaires, Pie IX promettait beau-
coup, laissait espérer plus encore. Les Romains se croyaient
assurés déjà, non seulement d'avoir un gouvernement par-
lementaire, mais encore de.chasser les Autrichiens et de
former, avec les autres états de l'Italie, une nation plus ou
moins unifiée et puissante. Les Italiens étaient alors aussi
incapables de chasser les Autrichiens que de se gouverner
eux-mêmes. « Les peuples d'Italie, disait un jour le duc de
Broglie à lord John Russell, n'ont pas besoin qu'on les
enivre d'éloges et qu'on les pousse sur la place publique;
ils ne sont que trop disposés à bien penser d'eux-mêmes et
à prendre de vaines démonstrations, des chants, des danses



  (3) P . 273.