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              LA COUPOLE D£ SAINT FRANÇOIS ,
                       TEINTE   PAU   M.   L.   JANMOT.

    Je suis heureux, au milieu des grossièretés du réalisme
 contemporain, de pouvoir féliciter M. Janmot, qui vient de
 peindre la coupole de l'église de Saint-François, je laisserai à
 une plume plus compétente que la mienne, le soin de faire la
 part de l'éloge et de la critique et de signaler les détails, qui
 peuvent accuser la distraction de l'auteur. Je dirai seulement
 que j'ai été vivement impressionné par l'ensemble de celte œuvre
 remarquable. Je ne m'en défends pas: je suis partisan de l'art
 idéalisé. J'aime le style, et l'on ne doit pas me compter dans les
 rangs de ceux qui pensent qu'une tête de crétin, pourvu qu'elle
 soit bien rendue, est l'égale de ces portraits de maîtres, où l'on
 voit la beauté morale et intellectuelle admirablement saisie. Je
 comprends fort bien que le laid soit d'une exécution plus facile
 que le beau ; je sais encore que la vulgarité est le lot du plus
 grand nombre, tandis que la distinction est l'exception. Ainsi
 rien de plus naturel que l'opinion de la foule, qui préférera tou-
jours la Baigneuse de M. Courbet à la Vénus de Médicis. Dans
 une de nos dernières expositions lyonnaises, on pouvait admirer
 un tabfeau intitulé : Souvenir d'Italie. Savez-vous ce qui avait
frappé l'artiste dans cette poétique Italie, si riche de souvenirs,
si pittoresque par ses ruines, ses paysages et ses costumes? un
bouclier qui saignait un mouton ! mais non pas même le boucher
romain enveloppé dans sa longue tunique blanche, et ressem-
blant presque au sacrificateur antique : je concevrais qu'un peintre
eût tiré parti du costume ; tandis que le boucher en question
était l'être le plus dégoûtant qu'on puisse imaginer. Voilà cepen-
 dant le souvenir rapporté d'Italie par ce prétendu artiste , qui
est certainement avant tout un amateur de gigot. Eh bien, il est
très-rationnel que les adeptes de cette école du laid et de l'igno-
ble haussent les épaules devant la coupole de Saint-François.
L'auteur n'a pas à s'inquiéter de critiques, provenant d'un public
aussi étranger à sa manière de sentir. Ce qui me pousse à signa-
ler les abaissements de l'école réaliste, c'est que déjà quelques
échos sont venus frapper mes oreilles. Parmi les reproches
adressés à M. Janmot, on m'a assure qu'on distinguait celui d'être
imitateur de Raphaël. L'auteur ne se fâchera probablement pas