Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              174
    Rien n'est plus instructif et plus attachant à la fois que
d'examiner quels statuts sociaux se donna ce petit peuple
 de colons. Qu'on le remarque bien ! la majorité des réfugiés
était composée de militaires soumis depuis de longues années
au régime passif de la discipline, nourris à l'école du
despotisme impérial; il paraissait naturel qu'ils en eussent
conservé les fausses idées gouvernementales et les préju-
gés orgueilleux autant que tyranniques. On va voir qu il
en fut tout autrement. La souveraineté, l'égalité de l'homme
furent reconnues; on proclama le travail le premier des
titres ; les droits moraux et matériels de chacun reçurent
une inaltérable garantie, et pourtant il n'y avait là ni
juristes, ni législateurs patentés : la raison, le simple bon
sens suffirent à la création de ce code excellent; tant il
est vrai que l'homme, mis à l'abri de la corruption, éloi-
gné des fauteurs intéressés d'égoïstes passions, rendu
enfin sans restriction à son libre arbitre, revient aussitôt
à son instinct primitif, qui est celui de sa propre dignité,
du respect des justes droits d'autrui et du dévoûment à
ses semblables ! Esquissons rapidement l'esprit des insti-
tutions, par la constante observation desquelles on comp-
tait perpétuer dans la colonie l'ordre, la paix, le bon-
heur et la prospérité.
    Chaque habitant était considéré comme reconnaissant
un Dieu. Toute religion, quelqu'en fut le dogme, le rite
ou le culte, recevait bonne protection. On décida qu'alors
que des membres d'une même secte ou communion vou-
draient élever un temple, ils le construiraient et l'entre-
tiendraient à leurs propres frais, sans que jamais aucune
contribution générale pût être imposée en vue d'un objet
de ce genre. — La tolérance politique était admise avec
une égale sincérité. L'hospitalité restait, envers qui que