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LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON 495
La Révolution trouva Duphot sergent au 61 e régiment
d'infanterie ( i ) et le fit, en quelques mois, major au pre-
mier bataillon des volontaires nationaux du Cantal, puis
adjudant général provisoire. Le 17 octobre 1794, l'armée
française campe devant Saint-Fernando de Figuières,
imprenable forteresse, située sur une hauteur « où la
« nature et l'art ont accumulé les obstacles (2) », défendue
par une artillerie innombrable et 50.000 soldats aguerris.
Duphot reçoit l'ordre d'enlever à la baïonnette la redoute de
Notre-Dame-del-Roure; c'était le poste d'honneur. Notre
héros s'élance aussitôt, entraînant son bataillon impassible,
l'arme au bras, sous la plus furieuse mitraille, et saute le
premier sur le parapet. « Faites cesser le carnage; battons-
« nous ensemble! » lui crie un général espagnol. Duphot y
consent, tandis que semblable défi est relevé par le colonel
Lannes, depuis duc de Montebello.En quelques instants,
les deux Français, pressant leurs adversaires, leur passent
l'épée au travers du corps. Cette lutte, dont nos annales
militaires fournissent peu d'exemple, avait occupé toute
l'attention des troupes, et terminé le combat.
(i)Engagé au régiment de Vermandois (6i e d'inf.), le 25 juillet 1785,
caporal le 13 juin 1788, sergent le 25 mars 1792, adjudant-major au
I e r bataillon de volontaires nationaux du Cantal vers janvier 1793,
adjoint provisoire à l'état-major de l'armée des Pyrénées-Orientales
vers août 1793, nommé adjudant-général provisoire le 21 mars 1794,
non compris dans l'organisation des états-majors en date du 13 juin 1795,
confirmé dans le grade d'adjudant-général, chef de brigade le 9 février
1796, employé dans la 20 e division militaire le 20 février 1796;
Duphot passa à l'armée d'Italie le 20 septembre 1796.
(2) Rapport des représentants Delbret et Vidal. Journal des Débats et
Décrets, n° 803, p. 1079, du 15 frimaire an III. — Galette générale de
l'Europe, n° 839 du 16 frimaire an III, p. 3. On l'appelle Dupont et
Duphoz.