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                LES JDLUACIEKS AU SIEGE DE LYON                        463

sauvages s'élèvent. Le maire Vitet cède à ces clameurs. Usant
de son droit, il se présente à la poterne, et pénètre dans la
citadelle. Mais la foule, par une poussée soudaine, s'élance
à sa suite, maltraite les soldats du poste, insulte le vieux
gouverneur et sa fille, et se rue sur les malheureux détenus.
Percés de mille coups, broyés sous le talon des assassins,
de Forget, Achard et deux autres officiers sont finalement
décapités. Echappant aux premières atteintes, de Menou et
Gavot s'enfuient dans une chambre écartée. Là, le premier se
glisse entre deux matelas; le second, plus agile, saute par la
fenêtre, « et tombe dans une àrrière-cour qui, depuis nom-
& bre d'années, était réservée à un pauvre fou, prisonnier
« dans le château. Ce fou, raisonnable à propos, le fait
« cacher dans un égout ; puis, ayant replacé la pierre, qui
« en fermait l'ouverture, il continue ses folies ordinaires.
« La foule regarda et passa » ( i ) .
   Ces hommes, avides de carnage, quittent alors la forte-
resse, poussant devant eux les magistrats municipaux et les
troic officiers survivants, emportant les têtes enfilées sur de
longues piques, traînant par le long escalier les cadavres,
qui laissent des lambeaux de chair à chacune des 120 marches,
et sont enfin abandonnés (2) à d'affreuses mégères dans la
rue de Bourgneuf.
   Trois heures après, quelques pillards, attardés dans la
citadelle, se disposaient à fouiller la chambre et le lit.
Découvert, de Menou veut se défendre. On le renverse, on
l'enferme de nouveau entre les matelas ; on lui tire la tête

   (1) BARON RAVERAT ; Lyon sous la Révolution, page 56 et suivantes.
Le massacre des officiers de Royal-Pologne. Voir Journal des Débats
n» 354 du 14 septembre 1792, page 269.
  (2) Les actes de sépulture sont inscrits sur les registres des paroisses
Saint-Paul, Saint-Louis et Saint-Pierre (RAVERAT, p. 75).