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UNE VIEILLE MAISON LYONNAISE 447 vierges des multiples niches décorant naguère l'angle de nombreux édifices. Celle, entre autres, œuvre deCoysevox, maintenant dans la chapelle des Varey, consacrée à N.-D. de Grâce en l'église de Saint-Nizier, se trouvait à l'angle de la mai- son ancienne qui fait le coin de la rue de l'Hôtel-de-Ville et de la Grenette (n° 23, appartenant à M me Vve Rinck). Deux superbes lions passants ornaient le piédestal de cet édicule. On les a stupidement détruits à coups de marteau, il y a environ 25 ans, pour laisser la place à la vulgaire boiserie de la devanture d'un magasin. Bâtie sous Louis XIII avec le gros tore de sa porte, ornée d'un écusson, rasé de ses armoiries, dont les lambrequins sortent d'un casque taré de face, cette maison avait des fenêtres à croi- sées dont on voit encore la trace à deux fenêtres du deuxième et une du premier qui sont murées et ont conservé leurs croix. Des n os 13, 15, 19, démolies en 1895, il ne me souvient guère, bien qu'elles fussent fort anciennes, de la fin du xv e ; l'une d'elles avait une très belle porte en noyer doublé avec des compartiments hexagonaux, ferrés de gros clous, son imposte était en fer forgé et fleuronné. Cette porte existe encore au château du Solier de Clarou, près Lasalle (Gard), fermant une ouverture ogivale de la fin du xv e siècle. Il ne restera plus, en souvenir de tant de demeures dis- parues, que l'ouvrage consciencieux et élégant où Pierre Martin conserva, par l'art de son burin correct, les façades et les profils du vieux Lyon d'autrefois. Ce recueil, d'images schématiques, est le cimetière de notre passé architectural et artistique. Chaque fois que je l'ouvre, j'éprouve le charme des visions d'antan ; en le fermant, il semble que l'on y renferme à toujours le parfum du passé-••