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                        SA VIE ET SES TRAVAUX                              325

dition ancestrale dont l'influence bienfaisante devait le gui-
der comme une étoile au cours de sa longue et laborieuse
carrière.
   Après avoir été reçu bachelier ès-sciences, montrant des
aptitudes particulières pour la chimie, il entra, à la fin
de 1839, au laboratoire de chimie organique de l'Ecole pra-
tique de médecine, et suivit en même temps les cours de
Dumas à la Faculté des sciences. C'est de cette époque que
date son premier article imprimé, une notice sur J.-B. Say,
publiée dans le supplément du Constitutionnel du 6 no-
vembre 1839. Cette notice débute ainsi :

   La science de l'économie politique est nouvelle encore, mais elle n'est
plus jeune : la marche des circonstances, l'entraînement du siècle, la
gravité des questions sociales qui s'y rattachent lui ont fait faire de
rapides progrès et aura son importance.
   Aujourd'hui que l'Angleterre, revenue de ce chimérique système de
la balance du commerce, modèle ses lois économiques sur les principes
dont la science proclame la vérité, que la France, jalouse des succès de
sa rivale, semble enfin éclairée par l'expérience, et disposée à entrer
dans la voie d'une sage réforme commerciale, et que notre industrie
obtient des résultats si prospères, c'est un acte de justice que de rame-
ner nos regards en arrière pour voir d'où nous sommes partis, et à qui
nous devons cette impulsion si favorable à la puissance, à la richesse et
à la prospérité des nations.
   Deux hommes ont créé l'économie politique : l'un rechercha le pre-
mier le principe véritable des richesses ; il éclaira d'un jour tout nouveau
les causes de la grandeur et de la décadence des peuples, et à une époque
où l'on était loin d'avoir oublié les naïves réflexions de quelques écri-
vains du XVIIIC siècle sur le luxe et ses dangers, ainsi que les considérations
de Locke on Ihe lowering of interest, onthe value of inoney : ce fut l'auteur
de la Richesse des nations (Jnquiry on tlx Wealth of nations,             iy/6),
l'Anglais Adam Smith. Nous pouvons réclamer l'autre comme notre
compatriote, car il descendait d'une de ces nombreuses familles que la
révocation de l'édit de Nantes avait bannies de France avec leur indus-
trie et leur patriotisme; je veux parler de Jean-Baptiste Say.