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               LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON                         279

meté de ses principes religieux et politiques, son ardeur
infatigable devaient rapidement grouper autour de lui tous
ceux qui ne goûtaient pas le changement de régime, tous
ceux surtout « qui ne pouvaient se décider à se lamenter en
« pure perte ». Son rôle très actif en ces circonstances
n'échappa point à ses ennemis. Lorsque les Lyonnais résis-
taient encore, il était dénoncé comme royaliste militant
dans un libelle révolutionnaire ( i ) publié à cette époque et
devenu assez rare. « Des orgies continuelles se célèbrent
« chez l'ex-noble Savarron (sic) reconnu pour son incivisme
« et son horreur pour l'égalité. Là se portent sans cesse des
« santés à la reine, aux princes émigrés, à Brunswick et aux
« despotes coalisés. Là se forment tous les projets pour le
« renversement de la République. C'est là le centre de la
« correspondance avec les émigrés ; là se combinent l'agio-
« tage et l'accaparement pour s'enrichir et subjuguer le
« peuple par la famine ; là le fanatisme allume ses torches
« pour le séduire; et pour augmenter leur-parti, des agents
« sont soudoyés pour semer dans la ville : ft les campagnes
« l'épouvante du pillage et du partage des.terres. »
   C'était, sans doute, à ces orgies continuelles, pour
employer l'expression du farouche patriote, à ces concilia-
bules menaçants, que se rendaient nos julliaciens; les uns,
riches bourgeois, ou magistrats paisibles, sacrifiant leur for-
tune au succès de l'entreprise; les autres,les plus nombreux,
officiers retraités ou en activité de service, offrant volontiers
leur expérience et leurs vies.
   Les passants saluaient avec respect deux vieux militaires,
qui s'en allaient doucement, chaque jour, le plus valide


   (1) Les patriotes persécutés à Lyon à leurs frères des départements et de
l'armée, à Lyon, s. d. ni nom d'imprimeur.