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184 PIERRE D'ÉPINAC « L'archevêque de Lyon, dit-il en concluant, manifesta toujours une grande défiance et de l'antipathie envers ce qui venait du dehors, de l'Espagne et de l'Italie... Quand il fut de la Ligue, il refusa de faire la moindre concession aux Espagnols, dont il sentait cependant que ses amis ne pou- vaient se passer. » Au fond, Epinac était bien plus éloigné de la faction ligueuse desBussi-Leclerc que des patriotes de la Satyre Ménippée. Ils l'ont cependant affublé en Espagnol, et ont réussi à faire prendre au sérieux ce pitoyable mensonge. * ** Pierre d'Epinac fit encore une fois grande figure aux Etats Généraux de la Ligue, et y livra son dernier combat contre les prétentions de l'Espagne et de l'Italie; ce qu'on appelle, assez mal à propos, l'insuccès des Etats, était en réalité la victoire du loyalisme national, par l'avortement définitif de toute candidature étrangère au trône de France. De là à reconnaître Henri IV, il n'y avait pas loin, d'autant plus que le roi venait de se faire catholique ; pour les modérés, la résistance n'avait plus de motif sérieux. Mais on pouvait craindre une conversion simulée, et le roi n'avait pas reçu l'absolution du pape. Epinac, par scrupule de conscience ou politique, ne crut pas devoir encore se rallier. Quand il revint à Lyon, il y trouva une situation trou- blée. La ville ne s'entendait plus avec le duc de Nemours, son gouverneur, soupçonné de vouloir se faire un Etat indé- pendant; ce n'était pas la peine d'avoir tant travaillé pour la Ligue, si elle devait finir par la tyrannie d'un petit roi pro- vincial. Les Lyonnais montrèrent une décision extraordi- naire : le 18 septembre 1593, le duc de Nemours fut arrêté