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                       PIERRE D EPINAC                      I 79
   Quand il sortit de captivité, dix mois plus tard, 11103'en-
nant une grosse rançon qui dérangea fort ses finances,
bien des choses étaient changées : Paris, Lyon, Rouen et
les deux tiers des villes s'étaient déclarées contre l'autorité
royale, la France entière était sous les armes, Henri III
avait été tué par Jacques Clément ; enfin le péril catholi-
que était devenu un fait actuel par l'avènement de Henri de
Bourbon, et la Ligue n'en avait que plus de motifs de ne
pas vouloir entendre parler d'accommodement.



                              * *

   Epinac, ligueur peut-être mal affermi à Blois, avait été
sacré martyr par la persécution. A peine délivré, il entra
définitivement dans la Ligue militante, et il en fut désor-
mais, jusqu'à l'abjuration du roi, le négociateur affairé.
Président du Conseil, chancelier de la Sainte Union, il
est, après le duc de Mayenne, le personnage le plus en vue
du parti, partout nécessaire et partout écouté.
   Il y a dans sa vie quelques mois au moins où il a été
vraiment grand. La victoire d'Ivry, en mars 1590, avait
amené Henri IV sous les murs de Paris, et tout annonçait
qu'il aurait vite raison de sa capitale, où rien n'était prévu
pour une résistance sérieuse. Et cependant Paris tint bon.
Il est inutile de rappeler ce que fut ce blocus, épisode ma-
gnifique, où une cité désorganisée par la révolution, à peu
près sans pain, se défendit par la force de sa foi religieuse,
et par la pensée tenace de ne pas se rendre à un roi héré-
tique.
   Il y fallut aussi des prodiges de politique, et, ce qui était
plus difficile, d'abnégation morale. Tous ceux qui représen-