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172 PIERRE D ' É P I N A C Epinac un malheur, à mon sens, d'être amené à servir la pauvre politique du dernier des Valois. La première partie du livre de M. Richard est la plus intéressante, parce que le héros y apparaît plus simple, plus uni, plus grand aussi. Son rôle à Blois et à Melun a laissé intact son prestige ; il est resté dans sa fonction naturelle de défenseur de l'Eglise ; il n'a encore été touché par nulle compromission grave avec un pouvoir déconsidéré et déjà impopulaire. * * Mais il va entrer dans les conseils intimes du roi, d'un roi haï et méprisé, moins occupé de son peuple que de ses perro- quets, de son libertinage et de ses bigoteries indécentes. Je ne veux pas dire qu'il se souillera aux vilenies de cette triste fin de règne; les affaires, l'administration, des missions dans les provinces de l'ouest, quelques séjours dans son diocèce le tiendront suffisamment à l'écart de cette pourriture : on peut être avec honneur te ministre d'un maître déshonoré. Mais enfin il n'est pas moins vrai que l'évêque passera au second plan, derrière l'homme du roi; il entrera dans les cabales, et en pâtira tout le premier ; il vivra des intrigues et des coteries de la cour, et il usera, à tout le moins, sept ou huit ans de sa vie dans des négociations à peine intelligibles. Nous ne l'y suivrons. Mais il est impossible de ne rien dire des accusations qui souillent encore sa mémoire, et qui prirent corps pendant cette période de sa vie. A la cour, Pierre d'Epinac avait rencontré le duc d'Eper- non, le favori du jour, d'une fierté hautaine et insolente; l'évêque n'était guère moins arrogant. La rencontre de ces deux orgueils fut terrible.