Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  MARIUS ET LUDOVIC PENIN                      87

dont E. Daudet a laissé ce portrait original : « Sans grande
culture intellectuelle, mais d'un ardent et âpre tempéra-
ment, il écrivait en un style cahoté, rugueux, tourmenté,
chargé dé scories, fruste comme son esprit, des articles à
l'emporte-pièce, remplis d'aperçus neufs, d'une rare origi-
nalité. » Marius Penin avait trop senti, dans l'exercice de
son art, la nécessité d'une sérieuse formation littéraire pour
ne pas en assurer le bienfait à son fils. Louis, que nous
appellerons Ludovic de la forme qui fut toujours donnée à
son nom, fut envoyé par lui au collège de Melan, dirigé
alors par les Jésuites. Il y fit toutes ses études classiques, et,
celles-ci terminées, entra à l'école des Beaux-Arts.
    Deux maîtres y eurent sur lui une influence particulière :
Vibert et Fabisch. A la fin de la seconde année, en 1849,
il obtenait une médaille d'argent, premier prix de sculpture
 de la deuxième division; l'année suivante, 1850, c'étaient,
encore une médaille d'argent, premier prix d'ornement, et
une médaille d'or, premier prix de sculpture de la première
division. L'étude qui lui avait valu cette récompense, la
plus haute de l'Ecole, était un Christ au tombeau en ronde-
bosse. Sorti cette même année de Saint-Pierre, il se mit à
travailler avec son père, et la plupart des œuvres de
M. Penin, postérieures à cette date, sont dues à leur colla-
boration. Toutefois il ne signa lui-même aucune pièce
avant 1859; outre qu'un exquis sentiment de tendresse
filiale lui commandait de s'effacer devant son père, il aimait
assez son art, pour trouver dans son seul exercice toute la
satisfaction désirable, et mépriser la renommée. Père et fils
vivaient du reste dans une grande intimité, dans une com-
munauté parfaite d'idées, de goûts et d'amitié. Tous deux
ils accomplirent la pieuse mission dont Reboul, aux pre-
mières atteintes du mal auquel il devait succomber dix ans