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 346                          BIBLIOGRAPHIE

registre des taxes de la même année le mentionne comme imprimeur.
C'est un fait qui se reproduit souvent pour les grands libraires de
l'époque. Il y a donc lieu d'en tenir compte dans nos recherches
d'identité.
   Les documents originaux nous apprennent aussi qu'après des débuts
pénibles à la fin du XVe siècle, les imprimeurs et libraires arrivent à une
brillante situation au xvi e : ils administrent des propriétés qui leur appar-
tiennent, achètent des terres et des châteaux, possèdent des immeubles
dans la ville, manient l'argent à pleines mains et payent de grosses
contributions. Il en est de même des relieurs qui exécutent de véritables
chefs-d'œuvre et dont la situation quoique plus modeste est également
très prospère. Ils payent largement les impôts et possèdent aussi des
immeubles dans l'intérieur de la ville. L'un d'eux, Pierre Meyrieux,
est propriétaire d'une maison qu'on lui achète pour ouvrir la Place
Confort (1556). Je ne trouve qu'une exception, elle concerne Thibaut,
maître relieur taxé à 7 sous 6 deniers; il est mort misérable « mortuits
est et nihil habuit. »
   Les compagnons imprimeurs tiennent bien aussi leur place au soleil.
Ils ont conscien:e de leur valeur et font bruyamment valoir leurs pré-
tentions. Perpétuellement en grève avec les patrons, ils affectent des
airs d'indépendance. Très turbulents, ils se livrent parfois entre eux à
des rixes sanglantes. En 1535, le duc de Savoie menaçant la liberté de
la cité de Genève, un corps de six cents aventuriers se forme à Lyon
pour marcher à sa défense et les compagnons imprimeurs d'origine
genevoise viennent en masse grossir ses rangs. Ils choisissent parmi
les leurs un chef du nom de Roboam qu'on retrouve plus tard en 1542
comme témoin au testament du célèbre imprimeur lyonnais Jehan
Barbou.
   En même temps que celui des livres, les libraires tenaient encore
entre leurs mains le commerce de la papeterie tout entière. Ainsi en
1544-154 5, le trésorier de l'Aumône générale paye à Barthélémy
Domaine, libraire, la somme de trois livres tournois pour l'achat d'un
grand livre de papier blanc intitulé l'Entrée et Issue des Enfants. Entre
autres renseignements nous trouvons dans une pièce fort curieuse que
les enfants confiés à ladite Aumône et inscrits sur ce registre, étaient
l'objet d'une surveillance à la fois très paternelle et très sévère. Ainsi,
en l'année 1556 la fille d'un compagnon imprimeur qu'ils avaient
placée comme domestique chez Me Grégoire, notaire royal, ayant été