Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
340       FRAGMENT D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

sur son compte, plus d'une famille dut lui faire des avances.
Mais il n'était pas homme à convoler en de banales noces,
et, comme il avait le tempérament des ferrailleurs des
anciens jours, il s'y prit comme eux pour se choisir une
compagne.
   Il rassemble toutes les ouvrières de sa maison, non
mariées. Après examen détaillé, il revient à une jeune our-
disseuse, âgée de dix-sept ans, et lui demande, sans autre
préambule, si elle veut devenir sa femme. Jugez de l'effet!
L'assistance part d'un rire général, quelques-unes des plus
délurées interprétant cette déclaration dans un sens facile à
deviner. Quant à l'intéressée, elle rougit à en pleurer, ne
sachant si elle doit rire avec les autres ou se fâcher.
   Mais M. Z... n'en démord point. Ils'enquiert delà mora-
lité des parents, leur fait une demande en règle et, leur
consentement obtenu, envoie la jeune fille à Bordeaux pour
y passer trois années dans un couvent où l'on se charge de
son éducation. Si j'ai bien compris, une des sœurs
d'Auguste était religieuse dans cette institution.
    Le mariage eut lieu. Les époux furent heureux, mais
hélas! peu de temps : la jeune femme mourut en couches,
au bout d'une année. Le voilà donc veuf. Sa femme avait
une amie, ouvrière comme elle dans la maison, et qu'elle
avait rapprochée de sa personne, une fois mariée. M. Z...
avait su apprécier les hautes qualités qui se cachaient sous
ces humbles dehors. Il n'alla pas chercher plus loin, et
l'amie, après un stage à Bordeaux, devint madame à son
tour.
    Elle était originaire de Meys, canton de Saint-Sympho-
rien-le-Château ; elle s'appelait Marie de son petit nom, et,
pour l'autre, vous le lisez tous les matins dans les journaux,
suivi d'un titre correspondant à la plus haute dignité de