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3 34           INAUGURATION DU MONUMENT

S'il est infaillible, je ne sais. » Et le critique de démonter
quelques-uns de ces sonnets et de nous en souligner les
imperfections, montrant cruellement que ce sonnettiste est
peccable comme les autres, ce dont nous nous doutions un
peu. Ses sonnets sont sonores et retentissants, ajoute-t-il,
« seulement, il serait aventureux d'y chercher autre chose
que des sonorités et des contours d'objets. C'est ici une
poésie absolument rythmique et décorative... poésie super-
ficielle, notations d'attitude et de costume. » L'écrivain
ajoute que nous sommes accoutumés à avoir un grand son-
netiste; aujourd'hui M. de Hérédia occupe la place. « Mais
Soulary avait-il précisément démérité? et pourquoi ne
l'avoir pas maintenu en fonctions jusqu'à sa mort? » Pour-
quoi Soulary a-t-il douté de ses amis et de ses admirateurs
et s'est-il laissé impressionner outre mesure par les bou-
tades passagères d'un critique impressionniste? Les lettrés
savaient bien qu'il ne procédait guère que de lui-même et
ils se rappelaient qu'il avait publié ses premiers vers en
même temps que Musset et Gautier, en 1830. Les autres
sont venus après, de Cuba et d'ailleurs. Son grand tort fut
de n'avoir point voulu quitter sa province; on le lui fit bien
sentir. Quant à nous, ses compatriotes, c'est un titre de
plus à notre admiration et à notre attachement. On oublie
trop aussi que, à côté de ses sonnets, Soulary a écrit les
Rimes ironiques et d'autres pièces, comme le Chêne, que bien
des sonnetistes lauréats seraient peut-être incapables de
composer. Il a eu les éloges les plus flatteurs de Sainte-
Beuve, de Jules Janin, de Saint-René Taillandier, et de
tant d'autres critiques judicieux. Anatole France admirait
 en ses vers tant de sens enfermé en si peu de mots, et il a
 dit ces paroles qui résumeront tout : « La littérature lyon-
 naise a donné à la France, à trois siècles d'intervalle, deux