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                     A LYON AU XVe SIECLE                         59

   C'est à la fin du xve siècle que remonte la produc-
tion de livres d'un type nouveau, au moins en France,
c'est-à-dire de ceux dont les bois sont de petite dimen-
sion. Jean de Vingle a fait entrer ces petites planches,
dues peut-être à l'initiative de son homonyme, le gra-
veur venu de Tournai, dans la Légende dorée des sainctz
anges, et Boninus de Boninis a achevé d'imprimer le
20 mars 1499 (1500) des Heures de la sainte Vierge
(Offîcium béate Marie Virginis ad usum Romane ecclesie)
qui méritent d'être l'objet d'une étude particulière. Ces
Heures ont, dans le texte et en encadrement, des scènes
et des ornements variés, d'une bonne ordonnance et
d'un dessin net; au bas d'un certain nombre de pages
est une danse des morts, sur fond criblé ou étoile (un
semis de petites étoiles ou de points blancs sur fond
noir (21), en trente sujets, depuis le petit enfant jus-
qu'au pape. Nous avons dit Boninus de Boninis pour
ne pas commettre d'erreur. Il n'est pas possible que ce
maître habile, un artiste, soit, comme on l'a avancé, le
même que Benoît Bonnyn, qui exerçait encore à Lyon
en 1542, peut-être même en 1544, et qui était un
artisan fort ordinaire (22). Boninus de Boninis, origi-
naire de Raguse, en Dalmatie, avait imprimé à Venise
dès 1478; il avait eu ses presses à Brescia et à Vérone.
Il n'a pas perdu, en travaillant à Lyon le goût italien,
et il a dû amener avec lui des ouvriers italiens qui
ont taillé sur bois ou sur cuivre, dans un style un peu
gothique, ces planches et ces vignettes si finies, si


  (21) Le fond criblé rappelle le fond d'or couvert de petits points
sur lequel les miniaturistes peignaient.
  (22) Benoît Bonnyn n'était pas de la famille de Boninus de Boninis.