page suivante »
484 BIBLIOGRAPHIE. tour à tour, soit condamné systématiquement l'église même lors- qu'elle revendiquait sa liberté spirituelle, qui est la base de sa mission, ou qu'elle plaidait contre les tyrannies impériales et les oppressions féodales, soit enveloppé de la même apologie les courageuses et nobles résistances ou les tentatives violentes de théocratie absolue. Ce qu'on voit dans ces vicissitudes de l'église, de siècle en siècle, c'est que ses formes extérieures ont été mobiles et successives ; car, c'est de ce côté qu'elle se liait aux pouvoirs humains, partageant par là leur nature contingente, leur force, leur faiblesse, subissant leur domination ou leur im- posant la sienne, leur prêtant ses anathemes pour les défendre ou les frappant eux-mêmes de ses foudres, toujours se modifiant au choc des révolutions qui les emportaient. Il n'y a qu'une chose qui a subsisté dans sa pureté, invariable et inaltérable au milieu des passions, des erreurs , des, crimes eux-mêmes des hommes, de quelque caractère qu'ils fussent revêtus, c'est celle qui constituait la mission divine, c'est l'autorité conservatrice de la vérité dogmatique. Dans ce panorama mobile des faits qu'elle déroule, l'histoire a donc deux écueils à éviter, le premier c'est le scepticisme qui ne voit partout que. des éléments isolés, sans lois et sans liaison, et qui aboutit fatalement à se courber sous le fait actuel ; le se- cond consiste à s'arrêter dans la voie, en prenant le contingent et l'intermédiaire pour la cause absolue et pour le résultat final. On arrive à immobiliser le monde et à nier la portée et le but de tout mouvement qui s'écarte de l'époque modèle. Double erreur! l'une qui s'arrête au présent, l'autre qui rétrogade vers le passé. Mais, dans cette poussière où les hommes se sont agités, com- ment ne sent-on pas qu'il y a quelque chose qui est un, qui relie tous les faits divers, qui vit et en qui les hommes vivent, qui se transmet d'une génération à la suivante, non immobile et fixe, mais grandissant en se développant sans cesse ? c'est ce quelque chose qui constitue l'unité des peuples, qui leur crée une desti- née et la rattache à la destinée de l'humanité. Historiens, qui interrogez la voix des siècles, vous ne pouvez sans fermer les yeux et les oreilles, méconnaître ce principe