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362                  LES SIRES DE BAGÉ.

   Où sont les royaumes des Perses et des Mèdes? Que son!
devenus les Athéniens et les Spartiates? Sur les rives du
Simoïs et du Scamandre, le voyageur aperçoit-il autre chose
que les champs où fut Troie?
   Ainsi en est-il, sans sortir de nos contrées, d'une foule de
villes telles qu'Isernore , Forum Segusiavorum , et celle que
des travaux de nivellement viennent de faire découvrir entre
Villefranehe et Saint-George. Ainsi en est-il de celle de Bâgé,
dont nous allons retracer une des époques les plus mémorables.
   Elle n'a pas entièrement disparu: des pans de murailles
noires dessinent encore son périmètre; quelques tours échap-
pées aux ravages du temps semblent veiller de distance en
dislance, tristes et silencieuses, comme de vieilles gardes
meurtries dans les batailles ; son antique château démantelé
est toujours là, mais ne présente plus aux yeux sa masse im-
posante de constructions hérissées de créneaux, percées de
mâchicoulis et de meurtrières, entourées de ponts-levis jetés
 sur de larges et profonds fossés.
   Aujourd'hui la bêche seule remue le sol de son enceinte,
où de nombreux vassaux venaient rendre foi et hommage
aux puissants seigneurs de la Bresse, avec lesquels eurent à
compter pendant plus de quatre cents ans tous les princes
voisins.
    Encore quelques années, et tout caractère d'antiquité aura
disparu sous le marteau de la spéculation, et avec le goû'
démolisseur du siècle.
    La principauté de Bâgé était la plus considérable de toute
la Bresse. Elle comprenait les villes de Bourg, Pont-de-Vaux,
Pont-de-Veyle, Saint-Trivier-de-Gourtes, Saint-Julien, et
tout ce qu'on appelle aujourd'hui la Bresse, depuis la Saône
jusqu'aux coteaux du Revermont. Les deux châtellenies de
Sagy et Cuisery en dépendirent pendant quelque temps.
    Aujourd'hui la ville n'a plus que l'ombre de sa grandeur