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pour arriver à son but. Tout cela serait trop long à vous re-
dire. Une remarque que je fis, c'est que le récit* finit juste
au bout de l'allée de Charmilles. La dernière syllabe fut pro-
noncée au moment même où ma promenade à l'ombre se
termina, et où je me retrouvai au grand soleiL
J'admirai cet étonnant rapport de mots et dB pas, et je com-
parai l'allée de charmilles à une colonne de journal; et je me
dis que maint feuilletoniste voudrait savoir le secret de mon
cicérone, afin d'arriver ainsi tout juste au bout de son papier.
En sortant de l'allée de charmilles , et après avoir traversé'
un gazon parsemé d'arbres, je me trouvai en face d'un "gros
et vieux orme planté par Voltaire :
L'arbre qu'on a planlé rit plus à notre vue
Que le parc de Versatile et sa vaste étendue (i)
Le tronc est entouré d'une palissade de ronces et de buis-
sons. Car il fallait bien le défendre contre l'empressement
des curieux qui ne manquaient jamais d'emporter un morceau
d'écorce, et compromettaient l'existence de l'arbre sacré par
cette mutilation sans cesse reùaissante. L'arbre, pensai-je,
est plus heureux que le maître : on protège encore l'arbre,
on en prend soin ; pour le maître, personne n'en a plus
souci.D'un enthousiasme ridicule, on est passé à un mépris
plus ridicule encore. Je me rappelé avoir lu des ligues assez
récentes, où l'on cherchait à faire un grandhommë de Martin
Fréron , et de Voltaire une espèce de Cotin ou de Scudéry.
Après cela, ayez donc du génie; usez donc une longue vie
à écrire soixaate-dix volumes ; faites-donc retentir l'Europe
de votre nom!. ;. C'est bien le cas de s'écrier & la manière de
Voltaire, qui citait volontiers l'Ecrilure-Sainte : Vanitas vani-
tatum, et omnia vanil&s.
Les jardins parcourus, mon guide me conduisit dans les
dépendances du château. Il me fit entrer dans une chambre
(1) Voltaire, épltre à M œe Denis, sur l'Agriculture.
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