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116 « du zèle et de la tendresse de deux oncles que j'avais à Toa- « Ion, tous les deux oratoriens , l'un le P. Bernard Bérenger, c ancien professeur de rhétorique, ami de M. de Montmo- e « rency, évêque de Condom, et de plusieurs savants qui « chérissaient sa personne et savaient apprécier ses vertus et « ses talents ; l'autre, cousin de ma mère, était le supérieur « du collège de Tournon, et très-bien avec M. l'évêque ic Dechoin. Ces deux tendres parents se chargèrent de mon « éducation dès l'âge de huit à neuf ans. Je fis quelques pro- « grès. Mon oncle m'amena à Lyon, où il était nommé préfet « des études. Mais un fatal événement me rendit presque or- « phelin. Une voiture rapide lui passa sur le corps, en des- c cendant par la rue St-André-de-Vienne , et je le perdis. Le c « P. Danglade, alors supérieur de Lyon, et qui avait de- « mandé mon oncle pour collègue, vint au-devant de moi, « m'embrassa en pleurant et me dit : Tu finiras ton éducation « avec mon neveu, et si tu travailles, si tu es sage , tu seras « des nôtres. Je fus renvoyé à N. D. des Grâces, en Forez, « dans un collège célèbre alors par la réputation de ses bons « Pères ; j'y finis ma rhétorique et ma philosophie, et, trois « ans après, le P. d'Ânglade me chargea de la classe de » sixième à Lyon. Par la suite, je passai par toutes les clas- « ses, jusqu'à celle pour laquelle je me sentais le plus de « goût, la rhétorique. » C'est donc à l'Oratoire que M. Bérenger a puisé ce goût qui décida de sa vocation et qui fil l'honneur et le charme de son existence. Aussi conserva-t-il toujours la plus tendre recon- naissance pour cette congrégation où, selon Bossuet, on obéit sans dépendre, où l'on gouverne sans commander ; la seule, selon Voltaire, qui ait produit un philosophe ; compagnie sans ambition , sans amertume, sans intrigue, sans parti de domination, qui s'honore d'avoir compté dans son sein Malle- branche , Massillon , Dumarsais, Jean La Fontaine. Les mem- bres de cette congrégation n'étant enchaînés par aucun vœu, le jeune oratorien, guidé par des convenances personnelles,