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95' «t méthodique quia tracé le tableau du siècle de Louis XIV et le poème de la Henrià de : tout le monde sait., en effet, que Voltaire a créé presqu'en entier son habitation de Ferney, Après avoir suffisammet examiné l'extérieur, j'entrai dans une vaste pièce qui était le salon du château. Par-là avait passé tout ce que l'Europe possédait de plus brillant et de plus remarquable en savants, en poètes, en grands sei- gneurs et en grandes dames ; il y avait eu là une cour comme à Versailles ou à Fontainebleau. L'ancien luxe de ce salon se laisse à peine deviner. Les fauteuils, les chaises tombent de vétusté. La magnifique tenture recouvrant les murs est usée jusqu'à la corde. Les dorures des boiseries ont presque entièrement disparu. Ce salon est orné de quelques tableaux, pour la plupart assez médiocres-, et sentant bien leur dixa huitième siècle. Ce sont de gracieuses nudités, des Vénus, des AmoUrs, etc. L'un de ces tableaux, placé au-dessus de la porte qui conduit à la chambré de Voltaire, attira bientôt mon attention, tant il me parut détestable de dessin et de cou- leur. Le sujet en est Curieux , quoique l'idée soit peu neuve. On voit Voltaire présentant, sur le Parnasse, sa Henrià de à Apollon et aux Muses , tandis qu'au pied de l'auguste cime ± des diables fustigent à tour de bras les Sabatier de Castus, les Fréron , les Patouillet, les Nonbtte, les Desfontainès et autres ennemis du philosophé. Ils sont désignés par les titres de leurs Ouvrages écrits sur leur dos, ou sur les' volumes qu'ils portent à la main. Je ne sais si du vivant de Voltaire, ce ta- bleau était à la place qu'il occupe. Je ne serais pas éloigné de le croire. Notre philosophe poussait à un tel excès l'amour- propre et l'irascibilité contre ses contradicteurs, qu'il était capable , je crois, de respirer ce grossier encens, et de se complaire à ce cynisme de flatterie. Au reste, j'imagine que celte ridicule peinture est un hommage de quelque enthou- siaste, une espèce d'ex voto philosophique : si je me sers de cette expression, c'est que sa vue m'a rappelé ces grotesques images appendues aux murailles de certaines chapelles de Madones.