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478            LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON

   Lorsque, au matin du 29 décembre 1793, les agents muni-
cipaux se présentèrent à l'hôtel des Célestins, Boussairolles,
averti de leur approche, écrivait ses dernières volontés :
« Forcé par les circonstances présentes de m'occuper de mes
« affaires particulières, je dois en commençant un hommage
« authentique à la religion que j'ai toujours professée, et
« qui m'a toujours offert une source de consolations dans
« les moments pénibles de la vie... Je vous rends grâce,
« ô Ciel, de m'avoir encore permis de faire un retour sur
« moi-même pour reconnaître votre souverain empire sur
« les hommes. J'adore un seul Dieu, Père, Fils et Saint-
c Esprit. Je me soumets avec résignation à tous les dogmes
 e
« que la religion catholique, apostolique et romaine m'oblige
« de croire, et mon plus grand bonheur sera de mourir dans
« le sein de l'Eglise... (1) ». La lecture de ces lignes, qu'ils
trouvent « inspirées par le fanatisme le plus affreux »,
irrite les farouches patriotes. Ils saisissent leur prisonnier,
l'entraînent à la prison de Roanne et demandent un juge-
ment séance tenante. « Je suis venu à Lyon ne sachant pas
« trop pourquoi, répond notre julliacien ; je n'ai pu sortir,
« je suis noble, je n'ai rien fait pour mériter le baptême des
« sans-culottes. En Dieu seul est mon espérance. » A une
heure moins un quart (2) la justice populaire était satisfaite.


   (1) Arch. imui., Dossiers personnels, 1. 336 : « Je lègue, ajoutait-il,
(c à mon ami Terris un médaillon en or renfermant les cheveux d'un
« homme dont l'a mémoire ne doit jamais s'éteindre dans le cœur de
« tout bon Français. » Sa mère, arrêtée avec lui, était renvoyée libre le
20 pluviôse (Com, rév.jug., p. 206).
   (2) Quand on parcourt le registre des procès-verbaux des exécutions,
on est effrayé de la rapidité avec laquelle fonctionnait la terrible machine.
Avec Boussairolles, 22 condamnés furent expédiés en un quart d'heure.
Il en était chaque jour ainsi. Et dire que les mitraillades furent imagi-
nées, parce que la guillotine n'était pas assez expéditive !