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CHRONIQUE DE SEPTEMBRE 1901 3 15 ses sombres misères, grâce à l'application de la force motrice au métier ; ce qui nous donnait, le même jour, l'occasion de fêter, avec la Société pour le développement du tissage, l'installation de son 500e métier à la Croix-Rousse. Viennent alors les discours. M. Robin salue Jacquard au nom de la ville. M. Isaac prononce l'éloge de ce merveil- leux inventeur, au nom de la Chambre de commerce. Enfin Gerbert nous charme en récitant devant la statue l'œuvre si belle de Jean Tisseur, Une visite au tombeau de Jacquard. La fête est digne de son objet. ** Plus fâcheuses encore sont les nouvelles que nous offre la nécrologie du mois. C'est d'abord une Lyonnaise de cœur et de courage qui meurt en Algérie. Plus d'un ancien « Moblot » se rappelle Mme Jenoudet qui, en 1870, suivait à Belfort son fils, Marc Jenoudet, âgé de 17 ans, engagé volontaire dans les Mobiles du Rhône, et qui, durant le siège et le bombardement, se dévouait aux malades et aux blessés. A trente années de distance cette vaillante femme a encore été mêlée à de tragiques événements. On se souvient du mouvement fanatique qui, le 25 avril dernier, ensan- glantait la commune algérienne de Margueritte.M me Jenou- det s'y retrouvait au côté de ce même fils, propriétaire et adjoint spécial, lequel fut abattu à coups de matraque, menacé de mort et put néanmoins ensuite, par sa présence .d'esprit et son énergie, préserver du massacre de nombreux habitants du village. La vieille Mme Jenoudet fit preuve des mêmes qualités de sang-froid et de courage et ne se laissa point affoler par l'invasion brutale, le pillage et les violences.