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l62                    PIKRRE ' D ' É P I N A C

influence, sa direction, sa parole, sa diplomatie. Et peu
d'années après ces événements où il avait joué les tout
premiers rôles, Epinac était mort déjà presque obscur :
vaincu, dédaigné du roi, à peine toléré d'abord dans son
propre diocèse, aux prises avec de misérables difficultés
d'argent, sans avoir pu seulement conquérir ce chapeau de
cardinal qui, pour un évêque de sa valeur, était une ambi-
tion si naturelle. D'autres ligueurs de marque, les Jeannin,
les Villeroy, se dégagèrent à temps de la faction, rendirent
des services et poussèrent leur fortune; lui ne put se relever
de la déconsidération.
   Il disparut ainsi sans laisser de trace profonde dans
l'histoire, qui croit assez faire de cataloguer négligemment
son nom, comme celui d'un ligueur obstiné dans sa révolte
sans pénitence, ce qui n'est pas même vrai. De toute
cette renommée, le plus clair est une page diffamatoire de la
Satyre Ménippée, cette Harangue de Monsieur de Lyon, où
il est censé se peindre prêtre sans foi et dénué du plus
vulgaire sens moral. Des calomnies et des légendes, voilà,
en somme, le peu qui reste de la mémoire de Pierre
d'Epinac.
   Ce n'est pas, certes, une apologie que nous donne M. i'abbé
Richard. J'oserai même dire qu'il m'a paru, en quelques
endroits, faire trop beau jeu aux adversaires d'Epinac. Pour
entendre cela, il faut savoir que le livre est une thèse de
doctorat; autant que j'en puis juger, cette circonstance
explique certains caractères de son ouvrage. Il s'est dit peut-
être que ses juges ne seraient pas trop favorables à l'homme
d'Eglise, à l'ennemi peu tolérant des huguenots ; et en
effet, d'après ce que j'ai su de la soutenance, on s'en est
donné à cœur joie, et on a paru heureux de pouvoir à son
aise jeter son mépris à un évêque. Il est donc possible que