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EUGÈNE LE MOUEL 323 « Fleur de blé noir » est une histoire d'amour, d'une élégance heureuse, pénétrante parfois comme des pages de Heine, parfois douce comme une idylle attique. Là encore nous retrouvons les chers tableaux familiers à notre poète. Une jeune fille, Jefnk, y occupe la première place, rose d'amour laissant sur son passage un parfum de grâce et de pudeur. Oh! l'aimable vision que celle de cette jeune fille! Nous la suivons en barque; nous la voyons, vêtue de blanc, suivre la procession de « Notre-Dame-de-Mai », briller en robe bleue à la fête du seigneur de l'endroit, ou bien en costume noir, escorter le convoi de son amie Fantik. De chaque page du livre elle se lève, chaste et belle, triom- phante et suave, parée de pudeur, ou imprécise comme dans le songe intitulé : le Meneur de loups, dans lequel l'apparition de la radieuse vierge éclaire la teinte un peu sombre du narré. L'on trouve également dans Fleur de blé noir des récits où passent les cliquetis des batailles et les chocs des guerres civiles qui ébranlèrent au Moyen Age l'Armorique jusque dans ses fondements, tel que Jehan Claude Le Bouc, ou de délicats poèmes, dignes de la légende dorée, comme le le Seigneur Nann et le Pèlerin. Mais j'applaudis surtout à cette Chanson d'Automne d'où se dégage une si douce impression de tristesse et de joie mêlées et à cet Hollaïka (7) que je ne puis résister au plaisir de citer. Hollaïka! — Si loin que tu t'en sois allée, Oh ! n'est-ce pas, tu les entends, Les cris lointains d'amour, appels de l'ancien temps Que nos voix échangeaient par dessus la vallée ? (7) Formule d'appel analogue â notre : oh. là oh !