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LE DOCTEUR JEAN FAUST. 455 — Fantôme ! dites-vous ? répondit l'apparition, vous êtes poli, docteur ! et c'était bien la peine, pour m'entendre traiter de fantôme, de suivre les conseils de Méphislophélès qui vous dépeignait à moi sous les traits du plus galant des hommes. Ne vous avisez plus de m'appeler fantôme, ou je m'en vais. — Mais de quel nom vous nommerai-je, divine inconnue, dont j'ignore complètement l'origine el qui êtes entrée chez moi par un chemin que je ne m'explique pas encore. — Je suis Hélène, fille des rois de Lacédémone, épouse de Ménélas, que Paris enleva et qui.... — Il suffit; je connais voire histoire, fit Faust en l'inter- rompant, et les luttes sanglantes qui s'en suivirent. Mais, s'il esl vrai que vous soyez réellement Hélène el non point un vain fantôme, combien l'âge vous a peu changée el que vous êtes restée belle ! — Sachez, Faust, que l'air des Champs Elyséens conserve éternellement à ceux qui l'habitent l'âge qu'ils avaient en y entrant; les vieux y restent vieux, mais les jeunes n'y vieil- lissent point. J'ai quitté, pour me montrer à vous, nos palais infernaux où je vis en reine, entourée de fêles et de plaisirs. Là , mon époux maintenant docile permet à Paris, fils de Priam , de m'aimer en toute liberté. Les Grecs el les Troyens, redevenus amis, se livrent, pour me distraire, à des simu- lacres de combatsqui rappellent leurs antiques exploits. Achille el Hector se disputent le prix de la course el se touchent en- suite affectueusement la main , et la foule des nobles héros me compose une cour bruyante et joyeuse. Voila ce que j'ai quitté pour vous, Faust, et vous me traitez de fantôme. — Femme enchanteresse, divine Hélène, ce mot ne sortira plus de ma bouche. Hélène, à dater de ce jour, revint visiter Faust chaque soir. Trois mois se passèrent ainsi, el Faust, pris d'une passion