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452 LE DOCTEUR JEAN FAUST. et le soir, il se trouvait sur la pointe d'une de ces grandes pyramides, qui furent desombres et myslérieux palais plutôt que des tombeaux, et qui renferment en elles tout le peuple momifié des prêtres et des rois de l'antique Egypte. Il con- templait autour de lui le désert, celte mer de sables, que l'Arabe traverse à la course. Faust fit cependant une halte au milieu de ces pérégrina- tions; ce fut en Turquie; car, les mœurs de ce pays avaient pour lui un attrait tout particulier. Le rusé compère ne vit rien de mieux que de s'arrêter sur le harem du Sultan, séjour interdit à tous les hommes hormis à un seul, lieu charmant dont les mystères et les merveilles préoccupaient depuis long- temps son imagination et excitaient ses convoitises. Un soir donc, Méphistophélès l'environna d'une épaisse nuée de couleur rose el le déposa sur la poinle dorée du minaret d'où le Muezzin appelait à la prière les tristes odalisques. La nuit venue, il descendit de son nuage sous la forme du prophète d'Allah. Je dois taire les choses qui se passèrent dans l'inté- rieur du harem. Quand Faust eut suffisamment goûté les délices de ce séjour el quand, toujours enveloppé de son nuage rose, il repril sa roule dans l'espace, il eut la satisfaction de voir le sultan qui, le front prosterné dans la poussière, remerciait le prophète, (sans trop le regretter cependant et sans l'inviter à revenir,) de la faveur marquée qu'il lui avait faite en daignant visiter son harem. Faust, à force de courir, finit par atteindre l'extrême limite de notre globe, limite au delà de laquelle il n'y a plus que le vide immense, l'air sans borne, sans forme et sans couleur, au sein duquel la terre accomplit ses évolutions. A sa grande surprise, il vit flotter dans l'océan des airs une masse brillante comme le soleil, qu'il reconnut cependant tout d'abord pour n'être ni le soleil, ni la lune, ni une étoile.