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                  DE GftlMOD EE LA REYNIÈIIE.                  253

         Depuis que j'ai quitté Paris je lui écris régulièrement
chaque année le 19 de juin ; j'ai repris la plume à cette époque
et l'ai un peu plaisanté sur son républicanisme. Je ne sais s'il a
mal pris la chose, mais il ne m'a pas repondu. Je crois qu'il faut
encore mettre cet ami au nombre de ceux que la révolution m'a
fait perdre et l'envoyer avec MM. Palissot, Restif, Mercier, Pons
de Verdun, Beaumarchais, etc. Quand à la Comédie des femmes
de M. Dumoustiers , s'il faut s'en rapporter aux journaux, c'est
moins une comédie qu'une suite de scènes agréablement écrites
et remplies d'esprit, ce qui est beaucoup plus facile qu'une pièce.
Ce Dumoustiers a fait quelques autres ouvrages dramatiques
qui ont réussi. C'est encore un auteur sorti de dessous terre de-
puis que j'ai quitté Paris, du moins quand au théâtre, car il avoit
fait avant 1784 de petites lettres à Emilie sur la mythologie. Si
je voyois les gens de lettres à Paris, j'aurois peine à m'y recon-
noitre ; il en est né depuis moi une fourmilliere qui occupe au-
jourd'hui les trompettes de la renommée et il me faudroit plus
de six mois pour être au courant de ces nouveaux citoyens de la
republique des lettres, qui heureusement ne feront pas oublier
leurs devanciers. L'Almanach des Muses offre aussi bien des
noms nouveaux ; tant mieux, il vaut mieux s'occuper de vers et
de comédie que de politique et de révolution. Mais je ne remar-
que point qu'aucun de ces nouveaux annonce un vrai talent à
l'exeption de M. Collin qui etoit déjà connu avant 1788 et de
M. Legouvé que je connoissois aussi, mais qui n'avoit encore
rien fait. Notre théâtre ne s'est pas enrichi d'un auteur fait pour
l'honorer, quoique jamais on n'y ait vu autant de pièces nouvelles
et tant de nouveaux contendants. Je pense que depuis que la ville
est assiégée les spectacles sont fermés ou déserts. Cela ne fait
pas le compte des abonnés , mais comme ils ont payé d'avance ,
on s'en moque. Vous ne m'avez pas dit si le prix des places et de
l'ahonnement aux deux théâtres de Lyon avoit augmenté. A.
Paris les prix sont restés les mêmes et l'on peut dire que ce sont
les seuls objets dont le prix n'ait pas varié depuis la révolution.
Les directeurs ont du cependant augmenter les appointements
de leurs pensionnaires. Si les spectacles sont fermés, je vous