page suivante »
456 LE DOCTEUR JEAN FAUST. insensée, ne s'aperçut pas de la fatale rapidité avec laquelle le temps passait. Un matin, Hélène ou le fantôme, comme bon vous sem- blera, à vous qui n'êtes point tenu aux mêmes ménagements, dit à Faust : — Adieu, docteur, embrasse-moi pour la dernière fois; je ne te verrai plus. — Comment! répondit Faust, quelle affreuse chose vous dites là ? c'est une cruelle plaisanterie. — Non pas, mon bon ami ; je commence à me lasser de cette comédie renouvelée des Grecs. — Je ne vous comprends pas. Que signifie ? De quelle co- médie parlez-vous ? — Ah! çà , Faust, est-ce que vous avez cru sérieusement jusqu'à ce jour que vous teniez réellement entre vos bras la belle Hélène qui, soit dit entre nous, n'a existé y aucune époque, pas plus que Ménélas, pas plus que Paris, pas plus qu'Agamemnon, Ulysse, Hector, Achille et tant d'autres qui n'ont jamais existé que dans l'imagination d'Homère qui n'a jamais existé lui-même? Vous étiez fou. — C'est-à -dire que je le deviens ; mes idées s'embrouillent. Qui donc es-tu ? — Satan, imbécile ! A ces mois, Faust se dressa sur son séant; il chercha autour de lui et ne trouva rien ; tout avait disparu. Un grand éclat de rire le rappela à lui-même. Celait Méphistophéiés qui s'égayait à ses dépens. XI ET DERNIER CHAPITRE. MOMKNT SUPRÊME ! Ce jour là était précisément lavant-veille du jour où les vingt-quatre années promises à Faust s'accomplissaient.