page suivante »
LA TURQUIE AU XVIe SIÈCLE. 491 reconnaissance était a peu près inévitable. Car il fallait ou chasser le gouvernement ottoman, ou le reconnaître. Si on le laissait maître d'une partie de l'Europe, on était réduit à l'accepter comme un fait. D'un autre côté il devait, une fois reconnu, tenir une place et jouer un rôle nécessaire dans l'équilibre européen. Malgré la haine toujours très-vive que les infidèles inspi- raient , l'usage de traiter avec eux était ancien et remontait jusqu'au temps des Croisades. Venise et Rome elle-même entretenaient des missions dans plusieurs royaumes de l'Asie. En l'an 1520 Charles-Quint négocia un traité entre l'Espagne et la Turquie, pour assurer aux pèlerins la liberté de visiter le Saint-Sépulcre. En 1525, pendant la captivité de François 1er, sa mère , Louise de Savoie, envoya un premier agent de la France au- près de Soliman. Cet agent fut tué dans la Bosnie. Un second envoyé, le Dalmate Jean Frangipani, qui avait reçu de Fran- çois Ier lui-même des instructions particulières , atteignit Constantinople et sollicita l'alliance du Sultan contre l'Em- pereur. Nous avons encore la lettre du roi et la réponse de Soliman. Pourtant on ne peut considérer cette négociation que comme un préliminaire assez vague de celles qui suivi- rent. Les premiers émissaires français en Turquie étaient de simples aventuriers, choisis 'a Venise parmi les hommes qui avaient visité l'Orient; leurs missions étaient extrêmement pé rilleuses et très-secrètes ; on se réservait sans doute de les désavouer au besoin. Les résultats de ces premières relations de la France et de la Turquie furent qu'en 1528 Soliman con- firma les règlements qu'avaient faits autrefois les soudans d'Egypte pour les consuls français d'Alexandrie , et qu'un premier arrangement fut conclu pour la mosquée de Jéru salem. Soliman, sans consentir à abandonner aux Français le tombeau du Christ, promit d'y laisser célébrer les rites du