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                   LE VEAU D'OR.                     î Ii
Conserve mon esprit dans toute sa verdeur ;
Et vous, qui dans un mois usez trente cravaches,
Bien avant quarante ans deviendrez des ganaches.
Celui qui veut rester intelligent et fort
Ne vit pas seulement et de bifteck et d'or.
Ce n'est pas en courant la bourse et l'écurie,
En adorant la mode avec idolâtrie,
En montrant son gant jaune au milieu d'un salon,
Que l'homme dignement creusera son sillon.
Heureux le voyageur qui, dans la traversée,
Saura vivre surtout du pain de la pensée !

Mon cœur, dans sa jeunesse, a logé son volcan,
Et l'oxigène encore hématise mon sang.
Je ne suis pas tant vieux que, dans ma conscience,
Se soit évanouie entière souvenance.
J'ai connu comme vous la force du torrent,
Et je sais qu'avec peine on résiste au courant.
Mais cependant l'honneur est une ligne droite,
Et l'homme inattentif, qui vacille et qui boite,
Risque bien de trouver sur le bord du chemin,
Le juste châtiment d'un abîme sans fin.

Le grand monde est souvent bien près du demi-monde,
Et si, pour toucher l'un, mon imprudente fronde
Ne prend pas assez garde à leurs étroits confins,
Je pourrais bien briser les vitres des voisins.
Sur l'un et l'autre sol, la femme demi-nue
Permet à vos regards de passer la revue
Des charmes qu'un mari, sottement tolérant,
A l'air d'abandonner au premier conquérant.
Le jeu qui vit d'argent, école abominable,
Reçu dans les salons, vient y dresser sa table.
Là, vos fils bien gantés, encor petits garçons,
Sous les yeux paternels, recevront des leçons.
Quand l'âge arrivera de leur adolescence,