page suivante »
554 URIAGE ET VIEILLE.
qu'ait eues le midi de la France. Augustin Périer, son fils ,
frère du célèbre Casimir Périer, y joignit des tissages et une
filature de coton , qui , prenant un accroissement rapide ,
s'étendirent dans toutes les communes environnantes , et
notamment dans la vallée de la Romanche jusqu'au bourg
d'Oisans. Le nombre des métiers s'éleva bientôt a six cents ,
qui, joints à la filature et à la fabrique d'indiennes , occu-
paient directement près de quinze cents personnes , quand
un grand désastre éclata sur cet établissement, en 1825 ,
et faillit détruire, dans un immense incendie , le château et
le bourg de Vizille.
Ce fut dans la nuit du 9 au 10 novembre, a une heure du
matin , que le feu se manifesta dans les ateliers d'étendage ;
la violence du vent était telle, que plus de mille sapins de la
forêt de Prémol furent abattus. Toute la population du bourg,
éveillée en sursaut par la cloche de la fabrique, accourut
sur le théâtre de l'incendie, dont les montagnes voisines
reflétaient les lueurs sinistres ; mais l'ouragan soufflait avec
tant de fureur, que les flammes, agitées dans toutes les
directions , ne tardèrent pas h se communiquer , avec une
incroyable activité, à six ou sept cents pièces de calicot que
renfermait l'étendage. Ce nouvel aliment ne fit qu'accroitre
l'intensité du feu , et les secours empressés des habitants ,
pour s'en rendre maîtres, devinrent inutiles. Pour surcroit de
malheur, l'incendie éclata en plusieurs endroits du bourg,
et ils durent s'éloigner à la hâte pour sauver au moins leurs
enfants et leur mobilier. Ce ne fut que vers les cinq heures
du matin que deux pompes , de la ville d» Grenoble , étant
arrivées avec les pompiers et un détachement de la garnison,
on parvint à concentrer l'incendie dans son foyer et à se
rendre entièrement maître du feu. Quel triste spectacle dut
présenter cette nombreuse population sans asile, sans nour-
riture , sans vêtements, obligée de pourvoir à ses besoins et