Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
412                  ESTIENNE DÛ TRONCHET.
«  autels et images, et quelques jours après commanccrent à
«  faire venir ministres, et preseher en l'église Nostre-Dame.
«  Emmenèrent aulcuns qui n'eurent moyen fournir rançon sur
«  l'heure jusques à Montrond avec eux ; mesmes le chanoine
«  Louys Papon, qui y demeura prisonnier jusques au lendemain
«   qu'on leur porta argent. »
   C'est le même chanoine dont nous avons parlé plus haut.
   Dans sa 202 e lettre, adressée à M. Bérard, trésorier de l'ar-
tillerie, voici comment du Tronchet raconte ce terrible épisode
de sa vie :
    « Je vous diray, Monsieur, qu'après avoir infructueusement
« semé un si long temps de mes services, en terre assez ingrate
« pour moy, estant reduict en ceste ville (de Montbrison) sur
« ces troubles et divisions, esleu (1 ) et contrainct d'en prendre en
« parité la charge, et pour le faire court, après avoir veu pas-
« ser par le fil de l'espée, huict cens soixancte pauvres corps
« de noslre charge, moy prisonnier avec dix huict, qui ont bondy
 « d'une tour assise sur des rochers, merveilleusement haulte et
 « espouvantable et moy sauvé (non sans miracle, par le vouloir
 « de Dieu) à la solicitation et diligence, de une mienne belle
 « sœur (21, damoysellc de grande vertu, et à mon advis parbeau-
 « coup de la faveur de Monsieur de Poncenat : qui (comme vous
 « l'avez congneu) ayant changé de plusieurs façons de vivre, ne
 « s'est jamais peu devestir de sa naturelle doulceur et bonté :
 « qui aussi certainement a préservé la vie de tout le reste du
 « pauvre peuple, et l'entière combustion et ruyne de ceste
 « misérable ville, contre le gré et résolue intention des mains
 « sanguinaires. »
    Du Tronchet, passant à un autre sujet, dit dans la même lettre
 au trésorier de l'artillerie, qu'il a une femme (3) telle qu'il pour-
 rait la souhaiter :

   (1) Du Tronchet avait été envoyé comme député à Cateau-Cambrésis, où
la paix fut conclue en 1559.
   (2) C'est donc à tort que Moréri a prétendu qu'il trouva moyen de se
sauver avec dix-huit autres.
   (3) Elle était, comme nous l'avons dit plus haut, soeur de Jean Perrin,