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454 LE DOCTEUR JEAN FAUST, le ciel, se dit, comme s'il eût attendu lui-même son propre retour: « Ah ! pa, ne vais-je pas bientôt revenir? Je serais curieux de me voir descendre de là -haut, dans le manteau de Méphistophélès. » X. AMOURS DE FAUST ET D'HÉLÈNE , FEMME DE MÉNÉLAS. Faust, sur la fin de sa carrière, eut un bizarre caprice. On comprend aisément combien , grâce à son pouvoir ma- gique, ses amours avaient été nombreuses et variées., puis- qu'il avait su pénétrer jusque dans l'impénétrable enceinte du sérail. Aussi était-il quelque peu blasé; les filles des hommes n'avaient plus d'attrait pour lui. Je ne sais pourquoi ni par quelle singulière réminiscence classique , il lui prit une forte envie de connaître Hélène, l'amante du beau Paris. Il s'en ouvrit un jour à Méphistophélès qui lui promit de s'em- ployer à satisfaire ce désir. Le lendemain , Faust, retiré chez lui, regardait les étoiles qui brillaient au firmament et contemplait ce spectacle qu'il ne devait plus revoir souvent ; car sa mémoire tropfidèlelui rappelait que peu de semaines lui restaient à vivre. Il allait se coucher sur celte amère conviction quand, en se retour- nant, il aperçut au milieu de sa chambre une femme drapée, comme les statues antiques, dans une longue tunique blanche. Elle gardait le silence et considérait Faust d'un air mélan- colique et tendre. Jamais plus merveilleuse apparition n'avait charmé les yeux du docteur ; et dans ses rêves même les plus insensés, son imagination n'avait point conçu l'idée d'une plus parfaite beauté. — Vision céleste ! fantôme enchanteur ! s'écria Faust ébloui, tombant à ses genoux, ne disparais pas au son de ma voix ; laisse-moi l'adorer.