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LE DOCTEUH JEAN FAUST. 453 Malgré l'éloignement, elle répandait jusqu'à lui une douce el vivifiante chaleur; des effluves lumineuses s'en échappaient à chaque instant et tombaient sur la terre comme une rosée d'or. C'est, lui dit Méphistophélès, le jardin de Dieu, le paradis terrestre, situé à l'orient du soleil ; et cette clarté plus vive qui se détache sur ce fond de lumière est l'épée flamboyante du chérubin qui en défend l'entrée. C'est de là qu'émanent encore tous les principes de vie qui animent le monde; de là , descendent les semences mystérieuses qui fécondent les forêts et les font se repeupler d'elles-mêmes. Dans ce jardin, au- jourd'hui désert, sont amassés par monceaux les talismans merveilleux qui devaient assurer à jamais le bonheur des hommes et dont quelques parcelles seulement sont tombées, au commencement des siècles, en possession de certains Mages de l'Orient qui les ont transmises à leur postérité. Le Gange, le Nil, le Tigre et l'Euphrale, fleuves sacrés, prennent leur source dans ces lieux, qui renferment aussi des fleuves d'or et d'argent, dont les émanations les moins pures s'écoulent dans le sein de la terre, pour en former les veines el les ar- tères intérieures. Tant qu'elles restent auprès de la chaleur centrale, elle se maintiennent à l'état liquide; mais, en ar- rivant à la surface du globe que la vieillesse commence à refroidir, elles se solidifient et forment ces mines de métaux précieux , sources à la fois des richesses des hommes et de leurs infortunes. Faust, qui n'était pas fort sur les sciences naturelles, adopta sans objections ce fantastique système, et s'endormit. Car, c'était là le dernier terme de leur voyage, et Méphis- tophélès souffla doucement sur le front de son maître pour y appeler le sommeil et le reporter dans son logis. A son réveil, dans la confusion profonde qui froublait en- core son cerveau, Faust, accoudé sur une fenêtre et regardant