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LE DOCTEUR JEAN FAUST, 447 Faust vit enfin Anubry, avec une tête de chien-loup ; Dithcan, sous la forme d'une vieille perdrix élique, haute de plusieurs pieds ; et Drac, formé de quatre petites pattes de chiens supportant une espèce de grosse boule semblable à un peloton de poils fauves et noirs ; le tout privé de queue et de tête. Oo voit par ces portraits que la forme des démons ne brille pas par l'unité et que leur structure se rapporte à un ordre architectural des plus composites. Il est inutile d'ajouter, puisque nous connaissons le carac- tère peu vaillant du docteur, qu'à la vue de ces êtres vomis par l'enfer sous un si terrible aspect, le pauvre homme fut saisi d'une inexprimable frayeur. Il les suivit d'un regard mourant, tandis qu'ils prenaient lentement et à la suite les uns des autres le chemin d'une colline qui terminait l'horizon. Au lieu de diminuer, ces formes épouvantables prenaient, en s'éloignant, des dimensions de plus en plus gigantesques. Arrivée sur la crête de la colline, la file diabolique fit halte; sa noire silhouette apparaissait sur le ciel foncé comme une ligne de formidables ombres chinoises. Alors, éléphant, chien, âne, bœuf, tous se tournèrent du côté de Faust en secouant leurs têtes monstrueuses et en poussant chacun le rugisse- ment propre à son espèce. Faust tomba privé de connais- sance. Au point du jour, la nature fraîche, odorante, tout humide de la rosée matinale, l'accueillit à son réveil par un sourire et par desflotsde lumière et de parfums qui l'empêchèrent de se souvenir d'abord du terrible spectacle auquel il avait assisté quelques heures auparavant. Il cherchait dans sa tête appesantie et troublée, le motif oublié qui l'avait fait dormir en ces lieux et sa mémoire saisissait à peine, comme dans le lointain d'un rêve, quelques sombres images qui semblaient fuir avec les ombres de la nuit. Il se leva; mais, ô terreur!