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448 LE DOCTEUR JEAN FAUST. en regardant la terre, il reconnut les traces profondes et bizarres, laissées par le pied des démons de la veille. Il poussa un cri ; et Méphistophélès, qui était revenu près de lui, le rapporta dans sa demeure. Ces traces maudites demeurèrent ineffaçables. Ni les orages, ni les vents, ni la pluie, ni la neige ne purent les détruire, et, à l'époque où l'histoire de Faust fut publiée pour la première fois, le narrateur affirme qu'on les voyait encore dans cette partie de la forêt. VIII. VADE RETRO, SATA1VAS. Faust était resté, à la suite de celte scène, sous une impres- sion de mélancolie bien légitime. Pour la première fois, il envisageait les actes de sa vie avec terreur, et le pacte irré- vocable qui le liait au démon commençait à peser fortement sur sa conscience. Il songeait presque à se convertir; avec un caractère plus résolu, il en serait peut-être venu à bout. Un viel ami de son oncle qui avait encore de l'amitié pour ce cou- pable neveu, proflta même de cet accès de tristesse et de découragement pour lui donner de bons conseils et l'engager à rentrer dans le giron de l'Eglise. Faust, convaincu de sa faute mais trop faible pour la réparer sans le secours d'autrui, se serait laissé entraîner par la main pieuse qui lui était tendue, si Méphistophélès lui en eût accordé le temps. Par malheur, ce dernier, étonné du silence de son maître et se doutant bien que quelque bonne pensée lui travaillait l'esprit, se hâta de l'arrêter dans cette voie dès le début, et lui apparut sans attendre son ordre. — Eh ! bien, mon ami, lui dit-il, que deviens-tu donc? Te voilà pensif, sérieux et sobre comme ces hommes de bien qui cherchent tous les moyens de s'ennuyer pour mieux faire