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364                    EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ
le sens est difficile à saisir. L'exécution , faible en beaucoup d'endroits , ne
rachète pas le manque de clarté et de poésie. M. Ravel de Malval a une
revanche à prendre.
   M. Faivre-Duffer, ancien lauréat de notre école de St-Pierre , et l'un des
élèves les plus distingués de Victor Orsel, expose un grand pastel qui doit,
sans contredit, être compté parmi les œuvres les plus remarquables que
nous ayons vu figurer dans nos salons annuels.
   La figure du Printemps semble avoir été empruntée aux plus belles
fresques d'Herculanum ; elle est la sœur de ces déesses nouvelles que les
Romains , dans la décadence du Paganisme, faisaient descendre des cieux ,
et dont ils répétaient les images clémentes et chastes sur les murs de leurs
demeures. Elle est la fille de cet art de transition entre le Paganisme et le
Christianisme, qui exprimait du reste les mêmes sentiments que chantait
Virgile.
                 Vltima Cumœi jam venit carminis œtas

                Jam nova progenies eœlo demittitur alto.
   Cet art du siècle d'Auguste, créé entre des ruines et des espérances, a
été le point de départ de la Renaissance italienne . Raphaël s'en est inspiré,
et le Christianisme, reconnaissant en lui une parenté lointaine, l'accueillit
" olontiers.
v
   Le pastel de M. Faivre-Duffer nous reporte à ces grands siècles d'Auguste
et de Léon X. La figure de cette jeune fille qui parcourt l'éther, suivant dans
sa course oblique la marche du soleil le long du zodiaque, est antique par la
perfection des formes, la sobriété exquise des draperies, des emblèmes,
des ornements, elle est Virgilienne et Raphaè'lesque par son mouvement
chaste et par le caractère de la grâce qui la décore.
   Victor Orsel a eu l'honneur, chose rare en ces temps-ci, de laisser après
lui des disciples qui continuent son style. Il a obtenu cet avantage en
consacrant son talent à reproduire dans l'homme les dons qui font le mieux
paraître la noblesse et la puissance de sa nature. Il ne cherchait point la
grandeur dans la force musculaire, dans le développement imposant des
 formes -, ses œuvres , où respirent un vif sentiment de l'harmonie et de la
beauté, expriment surtout l'intelligence et la bonté féconde. Par là , il est à
plus juste titre peut-être que M. Ingres un légitime descendant de Raphaël.
   h'Ange gardien de M. Tyr conserve bien toute la mansuétude . toute la
 grâce calme de l'école de M. Victor Orsel, mais on n'y trouve pas le modelé
 admirable , les lignes élégantes et fermes que nous avons signalées dans le
 Printemps de M. Faivre-Duffer. Il y a peu d'invention, peu de vie dans cette
 peinture. La ligure de l'adolescent est la réplique d'un type déjà employé ,