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                           DES AMIS-DES-ARTS.                              365
sa naïveté est froide et outrée ; en suivant cette tendance M. Tyr arriverait
à l'immobilité de l'art des Byzantins , qui, une fois certains types adoptés ,
les reproduisaient invariablement dans toutes les compositions où ils pou-
vaient trouver place.
   Nous adresserons des observations du même genre à M me Lacuria. La fi •
gure de laVierge qu'elle représente prononçant ces paroles : Magnificat anima
mea Dominum, et eaouUavit spiritus meus in deo salutari meo, est d'une nature
mesquine, avec laquelle on ne saurait accorder les ravissements ineffables
de la mère de Dieu. Ce n'est point ainsi que les grands maîtres ont compris
les types sacrés ; ils leur ont prodigué toutes les magnificences, toutes
les perfections que leur imagination a pu concevoir. Diminuer la beauté
majestueuse de ces types, c'est rapprocher Dieu de la nature humaine,
c'est le réduire à l'état d'idole complaisante et familière, accordant tou-
jours, ne contraignant jamais.
   Les compositions de M. Lamothe et de M. Barrias sont traitées dans le
style classique de la peinture religieuse. Si on n'y rencontre pas un point
de vue nouveau, une beauté originale , elles réunissent du moins, à un
degré élevé, toutes les convenances de dessin, d'expression, d'ordonnance
qui doivent se rencontrer dans de pareils sujets.
   M. Girodon,M. Villarasa, M lle Adélaïde Wagner, suivent les mêmes
traditions que MM. Barrias et Lamothe , et leurs études offrent de belles
parties.
   Les sculptures apparaissent peu nombreuses à notre exposition , et il ne
faut pas s'en étonner ; les simples particuliers ne construisent plus de palais
qui puissent donner asile à des statues, les exceptions ne se trouvent qu'à
Paris ; les églises , les monuments publics et les musées , telles sont à peu
près les seules destinations qui conviennent aux travaux de sculptures.
   Le salons particuliers n'admettent guère que des statuettes et des bustes.
   Le correct et sévère Devant d'Autel de M. Fabisch , la Baigneuse, fort
bien drapée, de M. Cubizoles et le Printemps , buste plein de jeunesse,
de M. Truphème sont les morceaux les plus importants que nous puissions
citer. Les bustes portraits, les médaillons et les statuettes de M. Roubaud ,
modelés avec esprit et délicatesse méritent aussi une attention sérieuse.
   D'après la revue très-incomplète que nous venons de faire , on peut juger
de l'extrême variété des sujets que notre exposition embrasse, de la grande
diversité des aptitudes qu'elle révèle;, elle est en cela semblable à toutes les
expositions modernes. L'art contemporain a beaucoup de surface, a-t-ii
autant de profondeur? Combien de ces tableaux, qui réveillent notre cu-
riosité aujourd'hui, ont-ils en eux assez de vie pour ne pas être oubliés