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362 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ telligenee, c'est un peu le cas des peintures de M. Courbet : elles manquent de signification. Qui pourra donner une opinion sur le caractère moral de l'homme du Portrait ? Quelle poésie, quels souvenirs rattachera-t-on au Paysage ? Enfin quels germes de vertus ou de vices, quels motifs de sympathie trouvera-t-on dans les enfants du tableau de la Cribleuse ? Nous ne savons par quel abus de mots on appelle peinture réaliste , celle qui supprime pré- cisément toutes les conditions de la vie. Le monde, s'il ressemblait à celui de M. Courbet, serait un monde d'atomes égaux en valeur et affectant, par l'effet du hasard , telles ou telles formes différentes ; hommes , animaux. rochers, végétaux nous apparaîtraient comme les fragments d'un même ordre dans la création. Sous la main de cet artiste, routes, traces de vie individuelle disparaissent. Le Petit Duguesclin et son précepteur, par M. Pluyette, est assurément une peinture de grand mérite, mais le sujet n'est pas exposé avec assez d'originalité pour plaire beaucoup. Le futur chef de bandes, le futur duc de Transtamarre , le futur Connétable était, disent les chroniques, d'un caractère violent dès son plus jeune âge, il se battait avec ses précepteurs. il ne souffrait aucune réprimande. Nous aurions voulu voir dans le petit garnement têtu et rancuneux quelques rayons prédisant le grand homme ; d'un autre côté, la physionomie dure et brutale du précepteur justifie presque des représailles de la part de son élève. Le peintre anglais Mulready. auteur du Loup et l'Agneau, composition popularisée par la gravure , aurait pu enseigner à M. Pluyette comment il faut exprimer la colère dans une jeune nature aristocratique, remplie d'un sang bouillant et qui se sent née pour commander. M, Comte Calix expose un tableau intitulé Soutien et Pardon ; deux jeunes femmes attendent le prêtre au confessionnal : l'une d'elles, à la ligure naïve et timide, vient confier au ministre de Dieu les premiers troubles de son cœur , elle sollicite un appui et des conseils ; l'autre un peu plus âgée et qui semble avoir succombé à l'entraînement de la vie mondaine, vient sans doute demander en suppliant une pénitence expiatoire qui allège le poids de ses remords. L'idée était assez élevée pour être traitée avec un style plus simple et plus sévère. Le lablcau de M. Comte Calix est d'un aspect séduisant, il est exécuté avec un soin e( une habileté çjflrcmes , il n'y a rien à y reprendre que cette profusion de velours , de fourrures , de satin par laquelle l'esprit est entièrement distrait des impressions morales découlant du sujel. Un Taillis pendant l'hiver, de M. Merle, est une scène vraie, pathétique el bien rendue : dans la forêt, le brouillard et le givre agitent leur linceul