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                      ESTIENNE DU TRONCHET.                           347
« sorti des mains des Juifs, je commence un peu de succer les
« mammelles de la liberté. »
   Toutefois, ces instants de prospérité durent peu, et il ne tarde
pas à faire aux grands seigneurs de sa connaissance requête sur
requête, demande sur demande.
   Parfois, au milieu de sa misère, il sait garder encore quelque
fierté : « Je vous renvoie, écrit-il à quelque seigneur qui récla-
« mait de lui son silence sur je ne sais quoi, je vous renvoie les
« cent escus qu'il vous a pieu me donner, par ce même porteur
« qui les m'a présentez. Car je ne veux point que la coyonnerie
« des présents m'oste la liberté de parler. »
   Parmi les personnes qui lui firent des cadeaux se trouvent les
échevins de Lyon : il existe dans les archives de cette ville des
procès-verbaux qui en font mention.
   S'il faut en croire La Croix du Maine, du Tronchet aurait com-
posé sur l'art calligraphique un traité qui aurait pour titre : Le
vol de la plume en France. Cet ouvrage, s'il a jamais été publié,
ce que j'ai peine à croire, a disparu ; aucun bibliophile ne le
connaît. Manuscrit ou imprimé, il a subi le sort des œuvres iné-
dites de François 1 er et de tant d'autres ouvrages dus à la main
si élégante du secrétaire Montbrisonnais.
   De La Mure nous apprend aussi dans le premier tome de ses
Documents inédits, que parmi les pièces perdues de son temps,
se trouvent les Epistres de du Tronchet.
   Il est pourtant un manuscrit qui a échappé à l'injure du temps
et que je crois pouvoir lui attribuer. En voici le titre : Discours
à Mademoiselle M. Panfile (1), à Montbrison, par L. P. S. P. H. E.
I. s. 1581. C'est un in-32, sur vélin, dont toutes les pages sont
encadrées d'arabesques en or ; la reliure est de Derôme. Son avant
dernier propriétaire lui a fait donner par Thouvenin un élégant
étui en maroquin bistre. Ce petit manuscrit contient un assez
long poème en vers alexandrins de Loys Papon. La préface en
prose est signée de son nom et de l'initiale de son prénom. Sui-

  (1) Ce nom, sans aucun doute, esl supposé. Il est tiré du grec, et l'une
de ses significations est bien-aimée